"De la lande au jardin, une paysagiste vous accompagne" 2019 – Page 2 – De la lande au jardin, une paysagiste vous accompagne

Archives de
Année : 2019

Gestion de l’eau de pluie

Gestion de l’eau de pluie

Je suis appelée par les propriétaires d’une jolie longère située au creux des zones humides de Plounéventer. Leur problème : l’eau !

Face à des parcelles agricoles cultivées, l’entrée sur la parcelle depuis la route se fait par une allée carrossable empierrée, en pente vers la maison. Malgré la création d’un collecteur d’eaux de pluie près de la porte d’entrée, l’eau continue de stagner devant la maison.

Outre le besoin de régler ce problème de façon efficace, les propriétaires souhaitent que je leur propose des idées pour aménager une terrasse au Sud, devant la maison, un espace une peu « cocoon » entre la maison et leur carport, faciliter l’entretien du parterre de rhododendrons, rendre le côté Nord de la maison plus agréable.

Je propose tout d’abord de mettre en place plusieurs systèmes permettant de drainer la cour :

1 : je prévois un caniveau dès l’entrée de la propriété. Relié au collecteur d’eaux de pluie, il récupèrera les eaux ruissellement venues de la rue

2 : Je fais enlever le bitume coulé de longue date sur la partie la plus pentue de l’accès. Je le remplace par des dalles alvéolées gravillonnées pour permettre une infiltration de l’eau dans le sol et maintenir les gravillons en place grâce aux alvéoles.

3 : je fais refaire l’empierrement de la cour « dans les règles de l’Art » de façon à optimiser l’infiltration dans le sol. J’en profite pour faire courir un drain routier à mi-pente relier au collecteur d’eaux de pluie

4 : je fais installer un autre drain tout autour de carport pour assécher le plus possible cet endroit où les véhicules, notamment un camping-car, sont stockés. Ce drain permettra aussi d’assécher l’espace que les client souhaitent « cocoon » devant la maison.

La création de la terrasse doit, pour moi, mettre en évidence les différentes entrée de la maison, et surtout la porte. Cela doit permettre aussi de se sentir dans un espace prévu à cet effet qui soit séparé de la cour carrossable. Je propose donc de réaliser une terrasse avec des pierres similaires à celles déjà employées pour réaliser une allée piétonne. Je viens entourer cette terrasse de graminées, pour fermer l’espace de façon souple. Ces végétaux ne monteront pas à plus d’1,20m, l’objectif n’étant pas de masquer la façade mais d’isoler les personnes assises à table des véhicules.

De parte et d’autre des jardinières en osier tressé reçoive des plantations de vivaces, petites graminées et plantes aromatiques.

Des espaces pavés attirent l’œil du visiteur pour le guides vers les accès à la maison. Les pavés apportant une petite hauteur, permettent eux aussi de palier au problème des pieds mouillés par accumulation des eaux de pluie.

Juste à côté de la porte d’entrée, entre la maison et le carport, un espace presque marécageux est inoccupé. C’est précisément à cet endroit que les propriétaires souhaitent un espace « cocoon ».

Je propose de séparer cet espace de l’espace pavé de l’entrée par des jardinières en osier tressé, qui font écho à celles de la terrasse. Une pergola végétalisée marque le passage.

Je prolonge l’espace pavé pour créer une petite terrasse, puis des pas japonais nous entrainent au travers des végétaux rappelant la végétation naturelle alentours : une collection de bruyères, une autre de fougères et de la mousse. Près du mur du fond, quelques petits arbustes finissent de planter le décor.

Depuis le pignon Est de la maison, une allée gravillonnée qui commence à être envahie par le gazon, contourne la maison et arrive à une terrasse bois qui devient dangereuse.

Je propose de redessiner l’allée gravillonnée en l’appuyant avec des bordures paysagères afin de limiter la pelouse. J’installe une terrasse pavée pour remplacer la terrasse bois. Elle rappellera l’ambiance de l’autre côté de la maison. Pour rendre cette façade presque aveugle plus agréable, je suggère une accumulation de pots et jardinières plantées, disposés dans des espaces non circulants.

Cet hiver trop pluvieux a décidé les propriétaires à réaliser rapidement les travaux d’assainissement de la cour. Ils trouveront déjà un peu de mieux être en ayant les pieds au sec. Le reste de l’aménagement se fera petit à petit…

Une haie bocagère

Une haie bocagère

entre jardin et agriculture

C’est sous les Monts d’Arrée que m’attend mon prochain chantier : anciens agriculteurs, mes clients ont partagé la parcelle agricole accolée à leur maison pour en garder une partie en jardin.

Devant cette grande surface nue, ils semblent un peu perdus, ne sachant ni quoi, ni où planter. D’autre part, ils ont transformé une ancienne véranda en pièce supplémentaire et, pour pouvoir profiter de leur extérieur, ils ont agrandi leur espace terrasse mais ne voient pas comment en aménager le pourtour.

Leur jardin présente de nombreux grands sujets. Cela commence à leur poser problème au niveau de l’entretien. Je remarque tout d’abord, dès l’entrée de la parcelle, cette très haute haie de rhododendrons.


L’accès piéton vu depuis la maison. On aperçoit le portillon noyé dans les rhododendrons.

Ils ont déjà été rabattus il y a deux ans mais sont très vigoureux et poussent très vite. Ils occultent complètement la vue de la maison depuis l’entrée carrossable. L’entrée piétonne est presque invisible. Je propose d’arracher cette haie, malgré la beauté des plans, pour implanter une haie dont les végétaux seront choisis avec soin pour leur hauteur à maturité limitée à deux mètres. Ce sera suffisant pour délimiter les espaces et ne demandera pas de geste de taille.

Pour l’aménagement du jardin de façade, je choisis de garder la symétrie face au corps de maison principal en renouvelant les deux parterres de rosiers rouges situés de chaque côté de l’allée menant à la porte d’entrée. J’englobe les différents angles de la terrasse asymétrique dans des parterres afin de les adoucir. Chaque parterre sera ponctué par un rosier tige aux fleurs rouges pour rappeler ceux de la façade.

Afin de faciliter le passage de la terrasse au jardin, j’aménage deux chemins gravillonnés à travers les parterres. Pour rendre la marche plus confortable, le chemin principal est parcouru par des pas japonais depuis la terrasse jusqu’à la pergola. On peut ainsi y aller à pieds secs par tous temps. De part et d’autre le végétation est choisie méticuleusement afin qu’elle n’entrave jamais la circulation, même à maturité. Son look « topiaire naturel » complète l’aspect jardin zen de l’endroit.

Face à la terrasse, je crée un parterre de style exotique, avec des végétaux aux couleurs chaudes, un palmier…. Il fait écho aux meubles de salle à manger en rotin, aux murs de la cuisine peints en rouge et à la pergola façon paillote du jardin.

A gauche la terrasse avec ses parterres dans les angles. A droite, le parterre exotique. Au fond, entre les deux, la pergola-paillote.

Derrière la maison, nous sommes sur l’ancienne parcelle agricole. Grand espace brut et nu, à la fois prometteur et aujourd’hui désert, cet endroit a besoin d’un aménagement qui réponde aux besoins mais ne soit pas trop couteux, vu la surface.

Les propriétaires, à la retraite, commencent à penser à leurs vieux jours et aux difficultés éventuelles qu’ils pourraient rencontrer. Ils souhaitent notamment pouvoir accéder facilement avec un véhicule jusqu’à la terrasse qui se trouve à niveau de l’espace de vie de la maison. Je leur proposer de réaliser un accès simple, pratique et à la fois « invisible » en réalisant un gazon renforcé par un mélange terre-pierres. Cette technique, de plus en plus utilisée par les communes qui souhaitent un parking écolo à moindre frais, permet de faire rouler des véhicules sur du gazon sans risque d’ornières. Visuellement, ça reste un gazon et l’entretien est le même que celui d’une pelouse. Cette allée carrossable passe le long de la maison et l’espace de retournement est borné visuellement par une ponctuation d’arbustes.

Afin d’englober les aspects techniques nécessaires à la maison et au jardin (ventilateur de pompe à chaleur et robinet d’eau), je propose de réaliser des parterres grâce à des palis de schiste mis à la verticale. Une fois plantés, la végétation habillera le dos de la maison sans nuire au fonctionnement de la pompe à chaleur. Le robinet est légèrement déporté et posé sur une structure en traverses de chemin de fer, ce qui en facilite l’accès et visuellement, casse la longueur de la maison.

Le reste de parcelle agricole constituant le jardin est colonisée par de l’herbe. Pour limiter les coûts, on réalisera simplement un gazon sur cette partie. Un parterre d’arbres « nature », arbousier, amélanchier, laurier-tin, est créé face à la fenêtre de la cuisine.

Au fond, pour séparer le jardin des cultures agricoles, je propose de remonter un talus et de planter une haie bocagère nourricière. Gîte et couvert pour la faune locale, elle sera aussi source de fruits pour les hommes. Je fais appel à Breizh Bocage afin de réaliser et de financer la création et la plantation du talus. De cette façon, mes clients n’auront rien à débourser pour cette haie bocagère, trésor écologique, qui liera entre elles deux autres haies bocagères, agrandissant ainsi les corridors écologiques.

Ce jardin, bien que très grand, aura au final bénéficié d’un aménagement de moindre coûts qui respecte pourtant à la fois les besoins de mes clients mais aussi les besoins régionaux en matière de gestion des eaux de pluie et préservation de la faune locale.

Quiétude au jardin

Quiétude au jardin

Catherine est une de mes amies. Nous nous sommes connues grâce à nos chiens Dounia et Eliott qui fréquentaient le même groupe au club canin de Landerneau. C’est à l’occasion de la Foire Bio de Landerneau que nous nous sommes retrouvées.

Eliott Gwenn Ha Du – 2009

Catherine a un très grand jardin qu’elle entretien avec passion mais parfois elle se trouve débordée par tant de végétation. Elle me demande de venir l’aider à faire le tri dans tout ça et surtout de créer des parterres faciles d’entretien.

Devant la dépendance, un parterre, souvent à l’ombre, est habité par la cabane des enfants. Quelques arbres et arbustes, plantés il y a des années, sont envahis par la mousse et la broussaille. On trouve près de ce parterre, un point d’eau potable et un robinet alimenté par la citerne-réserve d’eau de pluie. Catherine souhaite que cet espace devienne un coin zen.

Je profite de la proximité de l’alimentation en eau de pluie pour y implanter une petite fontaine. Son système permet aux enfants de jouer avec l’eau , d’en entendre le bruit, de la regarder couler sans risquer chute et noyade dans le réservoir. La fontaine est mise lumière par un lit de gravillons blancs. autour des petites mousses, des bruyères et plantes à fleurs d’ombre sont implantées. Toute la surface est paillée pour limiter la pousse d’adventices et donc les interventions de Catherine.

Catherine bagarre avec sa tondeuse depuis que sa fosse sceptique a été transformée en épandage : le terrain n’a pas été renivelé avant la repousse de l’herbe et les regards, en béton et en acier, l’obligent à zigzaguer avec son engin de coupe. Je propose donc de faire un parterre de graminées autour des regards de façon à ne plus avoir à tondre au raz du béton ou de l’acier.

Face à la maison, un parterre, plein Sud, est envahi par les ronces. Celles-ci se sont installées suite à la chute d’un arbre lors d’une tempête. Quelques végétaux survivent à cette invasion dont des rhododendrons et azalées mollis, collection du mari de Catherine.

J’ai envie de créer un effet de profondeur dans ce parterre tout en rappelant ce qui se passe près de la longère. Je propose donc de garder le prunus aux feuilles rouge sombre qui est au centre, au premier plan et de l’utiliser pour séparer en deux mon parterre. De chaque côté, j’installe un espace avec des gravillons blancs plantés de végétaux dont la forme et la taille à maturité font penser à des topiaires japonais. Je place aussi un végétal en nuage pour accentuer l’effet japonisant. Une alimentation électrique étant amenée jusque là, j’en profite pour faire installer des bornes lumineuses en forme de lanterne, pour parfaire le décor.

Après avoir fait le tri dans les végétaux restant, je prescrits un ensemble de plantes, toujours dans l’esprit japonisant, afin d’accroitre la collection de végétaux de terre de bruyère. Bien rangés comme pour une photo de classe, les grands derrière, les petits devant, ils fleuriront tour à tour, colorant le parterre tout au long de l’année.

Le muret de pierres sèches est nettoyé et rénové. Il est planté de végétaux à la fois dressés pour donner de la hauteur et retombant pour le mettre en valeur.

Toujours pour limiter le travail de Catherine, aucun végétal n’exige de geste de taille et toute la surface est paillée.

Devant la chambre de Catherine, un parterre en dénivelé fait le joint entre la terrasse pavée et la surface carrossable. Je vois mon amie grimper sur ce talus et lui propose de prévoir dans l’aménagement de celui-ci un petit escalier respectant les lignes déjà dessinées du talus. Les tentatives de Catherine pour végétaliser ce talus sont restées infructueuses. Des montbretias et de l’herbe ont colonisé l’espace.

Je propose donc de nettoyer toute la surface et de planter avec des végétaux qui lui permettront de voir des fleurs toute l’année depuis sa fenêtre de chambre sans pour autant cacher la vue sur le jardin en surplomb.

Une caresse à Dounia, un dernier regard sur le projet et je laisse Catherine aux bons soins de mes collègues d’Esatéo qui vont venir nettoyer et aménager son jardin.

Photomontage